Jiburo, un film sud-coréen à voir
L'affiche du film "Jiburo" |
Ce matin, j'accompagnais la classe de ma fille en sortie scolaire. Il s'agissait d'une sortie cinéma, pour aller voir un film sud-coréen de 87 minutes dont le nom est "Jiburo". Sorti en 2002 en Corée du Sud et en 2005 en France, et réalisé par Jee Jeong-Hyang, ce n'est pas le type de films que je serais tentée de voir sur grand écran, et encore moins un sujet que je pensais traiter un jour dans un article. Et pourtant...
Le début du film "Jiburo", où la mère accompagne son fils chez sa grand-mère |
Il s'agit d'une comédie dramatique, dont le sujet principal est le rapprochement malgré la différence d'âge et de culture. On a une mère qui se sépare de son fils de 7 ans, Sang-Woo, le temps des vacances. Elle l'envoie chez sa grand-mère, qui vit en haut d'un petit village isolé, au milieu des roches et des arbustes. Lui qui vient de la ville, qui ne s'intéresse qu'aux jeux vidéo, et qui ne connaît de surcroît pas cette femme à qui il va être confié, n'est pas vraiment d'accord avec cette idée. Le film débute avec une scène inouïe, entre le petit garçon qui refuse violemment d'écouter sa mère, et cette dernière qui en vient à le frapper à plusieurs reprises, notamment à la tête. Mon coeur de maman n'a absolument pas aimé cette scène, j'en étais au point de me demander si j'apprécierais la suite.
Kim Eul-Boon, la grand-mère |
Seulement voilà, quand j'ai découvert cette fameuse grand-mère, muette, courbée en deux, et ses premiers échanges si compliqués avec son petit-fils, j'ai compris que le film reposerait sur la façon dont ces deux-là finiraient par s'amadouer malgré leurs différences. Le petit Sang-Woo ne jure que par son jeu vidéo, ne pense qu'à lui, et fait caprice sur caprice. Son premier réflexe sera donc de rejeter cette vieille dame auprès de qui il ne voit aucun intérêt à rester. Pourtant, elle tente bien de lui faire plaisir, mais cela ne fonctionne pas. Comme ce moment où elle lui demande, avec des gestes bien à elle qu'il finit par parvenir à décrypter, ce qu'il souhaite manger au prochain repas. Il lui demande un "Kentucky Chicken", soit du poulet frit, ce qu'elle semble comprendre à force de mimes échangés. Ci-dessous, la scène où ils échangent au sujet du "Kentucky Chicken" :
Seulement voilà, elle revient finalement avec un poulet... bien vivant dans sa besace. Et en plus elle va avoir le malheur de le faire cuire à l'eau ! C'en est trop pour Sang-Woo, déjà déçu par le fait que sa console de jeu n'ait plus de pile et qu'il n'ait pas réussi, malgré de longues recherches durant lesquelles il parviendra même à se perdre, à en trouver de nouvelles. Il rejette violemment le repas et se couchera sans avoir dîné. Mais pendant la nuit, celui-ci se réveille, il a trop faim. Il tente de se rendormir mais rien n'y fait, il faut qu'il mange. Et n'ayant que le poulet cuit à l'eau de sa grand-mère sous la main, il se fera une raison, et en mangera.
Une des scènes où sang-Woo rejette sa grand-mère |
Au gré du film, les rapports si conflictuels entre Sang-Woo et sa grand-mère s'adouciront, on sera même surpris de voir le petit garçon pris d'une sollicitude soudaine quand il se précipite récupérer le linge que sa grand-mère avait mis à sécher sur la corde dehors, alors qu'il vient de se mettre à pleuvoir à torrents. Même si au départ il ne récupère que ses propres effets, il n'hésitera finalement pas longtemps à prendre également ce qui appartient à sa grand-mère. Il remettra même le tout en place une fois l'averse terminée, non sans s'y reprendre tout de même à plusieurs fois, montrant ainsi qu'il a le désir d'essayer de faire les choses bien. Et pourtant, il en aura fait des mauvais tours à cette dame... jusqu'à taguer les murs de son pauvre logis de méchancetés, lui voler sa baguette à cheveux, ou encore fouiller dans ses affaires dans le but de trouver de l'argent.
L'échange de la fin du film "Jiburo" |
Du rejet que Sang-Woo avait pour sa grand-mère, on vit tout au long du film son rapprochement progressif avec celle-ci, d'abord par nécessité, puis par une affection naissante, car il se rend compte qu'elle l'aime beaucoup malgré ce qu'il lui fait subir. Le film se clôt sur les au-revoir déchirants entre ces deux personnages que tout opposait. Au final, "Jiburo" est un très bon film que je conseille à tout le monde, doublé d'un véritable hommage de la réalisatrice pour sa propre grand-mère. D'ailleurs, la dame qui campe la grand-mère n'avait elle-même jamais vu le moindre film avant d'être découverte par la réalisatrice, et son rôle est très largement inspiré de sa façon de vivre réelle, ce qui contribue à le rendre si vivant et si touchant. Tout au long, on passe du rire aux larmes, et de la colère à la tendresse. Un arc-en-ciel d'émotions pour ce film dont on ressort apaisé, il serait dommage de s'en priver.
Au box office, le grand écart est malheureusement flagrant. Alors que plus de 4 millions de personnes sont allés voir "Jiburo" en Corée du Sud durant ses 11 semaines de présence au cinéma en 2002, à peine plus de 38.000 ont eu la même curiosité en France en 2005. Et pourtant, il a été décoré. Notamment 2 fois lors du festival de Saint-Sébastien 2002, et 2 fois lors du Grand Bell Awards 2002 (meilleur film et meilleur scénario). Il a également été nominé lors du festival international du film de Toronto, du festival international du film de la Rochelle, et même lors du festival de Cannes.
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