La forêt d'Aokigahara, au pied du mont Fuji |
La forêt d'Aokigahara couvre une étendue de 3500 hectares, qui se trouve à la base du célèbre mont Fuji, le plus grand volcan du Japon. Elle est née suite à la coulée de lave qui jaillit de ce volcan en 864, elle est donc toute récente. Son autre nom, Jukai, signifie littéralement "mer d'arbres", et c'est bien de la qu'il s'agit, car la forêt y est extrêmement dense. Mais il y a une ombre au tableau... Depuis les années 1950, on y découvre de plus en plus de cadavres. La plupart du temps, il s'agit de suicides par pendaison.
Un sanctuaire Shinto |
Il en découle des histoires effrayantes, constituées d'esprits errants au sein de la forêt. N'oublions pas que le Japon est le berceau de très nombreuses légendes, les Japonais sont très fans des histoires de revenants. Le culte des esprits y tient également une grande place, comme en témoigne le shintoïsme, dont les origines sont très floues, mais qui se base très clairement sur la croyance en divers esprits et dieux, et qui souligne le caractère sacré de la nature. Cette religion, dont le nom signifie par ailleurs "La voix des dieux" ou "La voix du divin", est suivie par une très grande majorité des Japonais. Elle est même devenue religion d'état en 1868, c'est dire l'importance des esprits pour eux.
Pour en revenir à la forêt d'Aokigahara, elle serait en effet hantée, et il s'agit d'ailleurs de l'un des endroits où l'on dénombre le plus de suicides au monde, avec le Golden Gate Bridge de San Francisco (Etats-Unis). On raconte que des esprits s'amuseraient à y perdre les promeneurs, qui n'auraient plus d'autre choix que de se suicider afin de se sortir de cette situation. Par ailleurs, et c'est bien la première particularité de cette forêt, c'est qu'elle est tellement dense qu'elle représente un endroit idéal pour mettre fin à ses jours en toute discrétion, et c'est sûrement cela qui attire ceux qui souhaitent en finir avec la vie (j'ai peine à croire qu'il ne s'agisse en effet que de promeneurs égarés...). Ça, mais pas que.
"The complete manual of suicide" de Wataru Tsurumi |
Signalons à ce sujet qu'en 1993, un écrivain du nom de Wataru Tsurumi a publié un mode d'emploi du suicide ("The Complete Manual of Suicide", c'est son titre, oui oui...), invitant ceux qui veulent se suicider à choisir pour lieu la forêt d'Aokigahara, car, il le dit clairement dans son ouvrage, elle serait l'endroit parfait. On est en droit de se demander pourquoi ce livre n'a-t-il pas été censuré. C'est tout simplement parce qu'au Japon, l'encouragement au suicide n'est pas un motif valable, le pays ne censure que ce qui concerne les descriptions qui ont trait aux organes sexuels. Chacun ses priorités, hein...
En tout cas, ce livre engendra une nette augmentation du nombre de suicides, notamment chez les adolescents. Mais il ne fut pas le premier à évoquer cette idée que la forêt d'Aokigahara était le lieu parfait, car avant lui, un autre écrivain du nom de Seicho Matsumoto, avait fait publier une nouvelle dans un journal en 1959, affirmant elle aussi que cette forêt était le meilleur endroit pour qui veut en finir avec la vie, avec la certitude de ne pas être retrouvé. Les premières légendes naquirent d'ailleurs de cette nouvelle, et peut-être est-ce de là que s'est inspiré Tsurumi pour son mode d'emploi (sic...).
Des effets personnels trouvés dans la forêt d'Aokigahara |
La légende veut qu'aucun promeneur ne puisse ressortir de cette forêt, et que celui qui ose partir à la recherche d'un proche qui s'y est perdu, ne retrouve jamais son chemin. En effet, il semblerait qu'à la manière du célèbre Triangle des Bermudes, s'armer d'une boussole ne servirait à rien car celle-ci n'indiquerait pas le nord. On dit aussi qu'un grand nombre de chauve-souris y vivrait, et qu'elles attaqueraient toute personne qu'elles y détecteraient. De même, on parle aussi de l'existence de grottes au sein de la forêt, qui seraient en toutes saisons recouvertes de glace. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'à la traversée de cette forêt, on trouverait des cadavres, voire des squelettes.
Outre les récits écrits et oraux dont nous disposons, trois films sont particulièrement centrés sur Aokigahara. A commencer par une histoire bien glauque qui date de 2004. Cette année-là, un réalisateur du nom de Tomoyuki Takimoto voulut réaliser un film au sein de cette forêt. Et c'est en se rendant sur les lieux afin d'y faire du repérage, qu'il découvrit un portefeuille rempli d'argent. Plus tard on découvrira également des cartes de crédits ainsi que d'identité. Outre ce film, deux autres témoignent de ce qui se passe dans la forêt d'Aokigahara, à savoir "Nos Souvenirs" de Gus Van Sant (2005) et "The Forest" de Jason Zada (2016).
Un panneau balisant le chemin de randonnée de la forêt d'Aokigahara |
Malgré les histoires que l'on raconte, des randonnées sont organisées officiellement au sein de la forêt d'Aokigahara. De nombreux panneaux informent par ailleurs les visiteurs de ne pas s'écarter du chemin balisé, car bien évidemment, on pourrait tomber sur un corps (ou sur ce qu'il en resterait...). Mais on pourrait aussi s'y perdre, car n'oublions pas la densité exceptionnelle de cette forêt, qui laisse à peine passer les rayons du soleil. Il s'y trouve aussi des conseils pour le cas où l'on serait tenté de mettre fin à ses jours là-bas. Par ailleurs, des gardes forestiers y travaillent, principalement dans le but de ramener les corps qu'ils trouvent jusqu'au refuge d'Aokigahara. Une anecdote "amusante" dit que quand on ramène un corps de cette forêt, un garde est obligé de le veiller, y compris la nuit, sans quoi le fantôme issu du cadavre, nommé Yurei, se déplacerait dans les dortoirs toute la nuit.
Pour finir, la forêt d'Aokigahara fascine par ce qu'elle recèle de mystères, dont il est très compliqué de démêler le vrai du faux. Mais les Japonais y croient. Et c'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles elle intéresse autant les gens, même au-delà des terres japonaises.
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