Chernobyl
"A 5 parts mini series: Chernobyl" |
"Chernobyl" est une mini-série britannico-américaine créée par Craig Mazin (il a remporté l'Emmy Award du meilleur scénario pour cette série en 2019) et réalisée par Johan Renck, composée de 5 épisodes pour une durée d'environ une heure chacun. Comme son nom l'indique, elle revient sur l'explosion qui est survenue à la centrale de Tchernobyl, à Prypiat en URSS, le 26 avril 1986, faisant d'elle la plus grave catastrophe nucléaire du XXème siècle. Demain (nous sommes le 25 avril 2021 lorsque j'écris ces lignes), cela fera très exactement 35 ans que c'est arrivé...
L'explosion qui a eu lieu cette nuit-là a été le résultat de l'augmentation incontrôlée et incontrôlable de la puissance du réacteur n°4 de la centrale, entraînant la fusion de son cœur. Cela a eu pour conséquence de former un énorme nuage radioactif dans l'atmosphère, avec les retombées que l'on connaît bien aujourd'hui. Il faut savoir que, outre la mise en scène des personnages ayant réellement géré cette catastrophe, certains dialogues sortent directement d'un recueil de témoignages réalisé par Svetlana Alexievitch (prix Nobel de littérature) et qui se nomme "La Supplication", édité en 1999, afin de rendre l'ensemble plus proche encore de la réalité.
"Chernobyl", ce n'est pas le genre de série que l'on peut regarder d'un seul œil. En effet, dès le générique on se retrouve happé dans une ambiance dont on sait qu'elle va nous marquer : un silence assourdissant, voilà ce qui compose son générique. Ainsi, on se rend compte dès les premières secondes du premier épisode que l'on va plonger dans un univers glauque, malaisant même. Et pour ma part, ça n'a pas loupé, je me suis sentie tenue en émoi durant les cinq épisodes qui la composent, et je ne suis pas certaine d'en être totalement revenue.
Au fur et à mesure que l'on avance dans le visionnage, on se demande si on aura vraiment toutes les réponses une fois arrivé au terme de cette mini-série, tant elle paraît courte. La réponse, à mon sens, est "oui". L'équipe autour de "Chernobyl" est selon moi parvenue à nous expliquer en long, en large et en travers tout ce qui est arrivé au niveau du fameux réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, URSS, le 26 avril 1986, avant, pendant et après. Il n'y a nul besoin d'être un scientifique chevronné pour comprendre ce qui s'est tramé cette nuit-là, tout est expliqué, en détails et de manière à ce que tout le monde puisse comprendre.
A gauche : Jared Harris, interprète du rôle de Legassov. A droite : Valeri Legassov |
L'histoire tourne autour de la centrale de Tchernobyl, oui, mais pas que. Elle est particulièrement centrée sur Valeri Legassov, à l'époque directeur adjoint de l'Institut d'Energie Atomique de Kourchatov (principal centre de recherche et de développement de l'industrie nucléaire du pays), et membre de l'équipe ayant géré la catastrophe de Tchernobyl. C'est son parcours pour dire la vérité, et dénoncer les défauts des centrales nucléaires russes, que l'on va tout particulièrement suivre.
On a également Boris Chtcherbina, vice-président du Conseil des Ministres et Chef du Bureau des Combustibles et de l'Energie. Il était chargé de diriger la commission gouvernementale sur Tchernobyl après l'explosion du réacteur n°4 de sa centrale.
Enfin, on a Oulana Khomiouk qui, à l'inverse de Legassov et de Chtcherbina, est un personnage totalement fictif. On comprend aisément les raisons de cette invention lorsque l'on regarde la conclusion de cette mini-série, je ne vais donc pas expliquer pourquoi elle a été ajoutée au scénario.
A gauche : Paul Ritter, interprète de Diatlov. A droite : Anatoli Diatlov |
Plusieurs autres personnages importants et ayant réellement eu à voir avec cette catastrophe apparaissent dans la mini-série, tels que Anatoli Diatlov, ingénieur en chef adjoint à la centrale, Aleksandr Akimov, superviseur de l'équipe de nuit, ou encore le jeune Leonid Toptounov dont on apprend qu'il n'avait que 25 ans lors des faits, ingénieur principal à la gestion du réacteur. Tous ont tenu un rôle d'importance dans cette catastrophe, et leur parcours est narré avec moult détails afin de comprendre au mieux ce que chacun a fait.
Mais on ne suit pas que le parcours des personnes qui ont travaillé à la centrale, on a également un pan d'histoire des personnes qui ont géré la catastrophe, comme les pompiers dont un particulièrement, Vassili Ignatenko. C'est grâce au témoignage de sa femme, Lioudmilla Ignatenko, dans le livre dont je parlais plus haut, que l'on sait ce qui lui est arrivé. Il a reçu, à titre posthume, le titre de Héros d'Ukraine pour son action héroïque lors de l'incendie qui a ravagé le réacteur n°4 de la centrale. La mini-série consacre également un chapitre sur les 400 mineurs, qui ont été engagés afin d'aider à la gestion de la catastrophe en construisant un tunnel de 167 mètres de long en-dessous de la centrale. On nous présente aussi le travail des liquidateurs, ces hommes qui ont dû faire le ménage afin d'empêcher la radioactivité de s'étendre par les animaux qui en portaient sur leur pelage. Un moment terrible à regarder quand on sait que c'est c'était effectivement leur travail. Il est cependant fort appréciable de constater que l'équipe autour de cette mini-série a mis un point d'honneur à rendre hommage à toutes ces personnes, aussi petites soient-elles en terme de grade, qui ont contribué à faire leur maximum, à se sacrifier même, pour que la catastrophe de Tchernobyl ait le moins de conséquences possibles dans le monde.
La centrale de Tchernobyl après l'explosion du réacteur n°4 |
Le respect pour ces gens a été salué unanimement par les médias russes après la sortie de "Chernobyl". Cependant, au niveau du pouvoir en place dans le pays, on a dénoncé une série caricaturale, qui déforme ce qui s'est réellement déroulé cette nuit-là et les mois suivants, ils ont même parlé de propagande anti-russe. Pour ma part, j'ai eu plutôt la sensation que les choses sont racontées de manière neutre, mettant en effet en exergue les erreurs qu'ont été certaines décisions prises, mais sans pour autant retourner douloureusement le couteau dans la plaie. Après, ce n'est que mon opinion, et je peux comprendre que le gouvernement n'apprécie pas la façon dont c'est raconté, puisque celui en place à ce moment-là semble en partie responsable. Je n'en dirai pas davantage, afin de vous laisser le loisir de pouvoir découvrir par vous-même les tenants et les aboutissants de toute cette histoire.
Pour ma part, je reste marquée par l'ambiance générale de "Chernobyl", lourde, pesante même, mais aussi par cette insistance à montrer à quel point la politique communiste était présente à cette époque. Les "camarades" s'entendent à gogo et se font même écho les uns les autres, la façon dont le petit peuple est considéré est également montrée sans ménagement, et l'implication du KGB est mise en exergue. Assurément, ce n'est pas le genre de série que je pourrai oublier facilement. Je vous conseillerais de la regarder si ce n'est pas déjà fait, notamment si vous voulez comprendre ce qui s'est passé durant cette nuit du 26 avril 1986.
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