"Pour l'amour d'une rose", de Bloodwitch Luz Oscuria

C’est ainsi qu’ils arrivèrent à la hauteur de l’appartement d’Alex, à l’autre bout de la ville. Ils n’avaient plus prononcé le moindre mot, ni l’un ni l’autre, suite à la question qu’Alex avait tentée au sujet de l’état de son appartement. Ils se trouvaient à présent devant la porte d’entrée dudit appartement. Alex en sortit la clé de sa poche, non sans une certaine fébrilité. Sandra était bien venue jusque-là un peu plus tôt ce matin, mais elle n’était pas entrée. Il craignait la réaction qu’elle risquait d’avoir en constatant que tout était sens dessus dessous chez lui.

De son côté, Sandra était bien loin de s’imaginer ce qu’elle allait trouver à l’intérieur. Elle se remémorait dans quel état elle était quand elle était venue frapper à cette porte, ce même matin. Elle était dans une furie telle qu’elle avait directement accusé Alex du meurtre de son père. Elle s’en voulait à présent terriblement de l’avoir pointé du doigt sans la moindre preuve. Mais quand le jeune homme ouvrit en grand la porte de son appartement, toutes ses pensées du moment disparurent pour laisser place à un rictus d’incompréhension.

Sandra se souvint qu’il lui avait demandé sur le chemin si elle ne lui en voudrait pas d’arriver dans un appartement « en bazar ». Elle n’avait pas pensé alors qu’il disait si vrai. Car en effet, on ne pouvait que très difficilement mettre un pied devant l’autre dans les lieux, et ce, dès l’entrée. Alex s’excusa et entra en premier afin de déblayer le passage.

– Je te l’avais dit, commenta-t-il sur un ton gêné en voyant la tête qu’elle faisait. Je ne suis pas vraiment à l’aise de te montrer mon intérieur comme ça et j’en suis désolé.

– Ça ne fait rien, répondit Sandra en esquissant finalement un petit sourire. Grâce à toi, je ne suis pas à la rue, je ne vais pas m’en plaindre.

Le jeune homme lui rendit son sourire et l’invita d’un geste à entrer après avoir poussé du pied les détritus qui traînaient au sol. Sandra comprit rapidement que le soin que son apprenti mettait lorsqu’il s’occupait avec elle du magasin de fleurs n’était pas du tout à l’image de ce qu’il était dans sa vie privée. Alors qu’il lui apparaissait toujours propre sur lui et organisé professionnellement, en privé c’était en réalité une tout autre histoire. Ainsi, il ne prenait pas la peine de ranger ses affaires et préférait a priori jeter les emballages de ce dont il se servait au sol plutôt qu’à la poubelle. Et cela semblait durer depuis un moment.

Elle observa le jeune homme se précipiter dans une autre pièce et revenir tout aussi rapidement avec un sac poubelle qu’il venait d’ouvrir. Elle continua de le regarder alors qu’il se penchait afin de ramasser une poignée entière de papiers divers avant d’en prendre une autre poignée. Elle resta alerte, dans le couloir de l’entrée, encore quelques secondes avant de finalement se mettre en mouvement et se diriger tant bien que mal vers lui pour lui poser une main sur l’épaule.

– Je peux peut-être t’aider ? lui demanda-t-elle.