Durant le visionnage de cette première saison de "Them", quelques références me sont venues à l'esprit, le film "Edouard aux mains d'argent" en première ligne. Il faut en effet admettre que le quartier tout propret, les habitants habillés et coiffés parfaitement bien et pratiquement pareil les uns les autres, et cette façon de considérer la famille Emory qui vient à peine d'emménager et qui est si différente d'eux de par sa couleur de peau, ne peut à mon sens rien évoquer d'autre que cet excellent film de Tim Burton. Par la suite, c'est un autre film qui est venu frapper à la porte de mes souvenirs, un film dont l'histoire m'a beaucoup marquée. je veux parler de "La colline a des yeux". Alors oui, on est à mille lieues du désert qui sert de décor à ce film qui a connu deux versions, une en 1977 par Wes Craven, et une autre en 2006 par Alexandre Aja. Pourtant, si vous connaissez cette seconde version, vous comprendrez pourquoi j'y ai pensé.

Pour revenir à nos moutons, "Them / Eux" nous fait suivre les dix premiers jours qui passent après l'emménagement de la famille Emory, couple afro-américain, au sein du quartier nommé East Compton, un quartier intégralement peuplé de familles à la peau blanche, au sein d'une époque d'après guerre des années 1950 profondément raciste. Cette grande différence de couleur de peau est d'ailleurs au cœur de toute l'histoire de cette série, et on va le comprendre dès que Henry et Livia surnommée "Lucky", ainsi que leurs filles Ruby Lee et Gracie Jean vont arriver devant leur nouvelle maison. Là, il ne s'agira pas seulement de regards de travers ou encore de moqueries, on ira beaucoup plus loin que ça, jusqu'à un point où vous vous énerverez forcément de l'attitude de certains des habitants du quartier, notamment celle de la voisine d'en face, Betty Wendell (magistralement interprétée par Alison Pill, déjà vue dans "Star Trek: Picard" ou encore "American Horror Story: Cult"). Pour l'anecdote, sachez que la ville de Compton existe réellement, qu'elle se trouve en Californie, et qu'il s'agit de la ville avec la plus haute criminalité des Etats-Unis. Cette information permet de comprendre pourquoi les horreurs commises sur la famille Emory vont crescendo à ce point-là, c'est vraisemblablement dans un souci de réalisme (à peine camouflé par le caractère surnaturel de certaines scènes).

Même si le jeu des acteurs principaux, comme Deborah Ayorinde pour le rôle de Livia "Lucky" ou Ashley Bashy Thomas dans la peau de Henry, est absolument parfait, je tiens à appuyer davantage celui de la jeune Melody Hurd pour Gracie Jean, tout juste 10 ans au moment du tournage. Sa carrière ne fait que commencer, et "Them / Eux", est par ailleurs sa toute première série, mais elle est tellement parfaite que je suis persuadée qu'on la reverra dans beaucoup d'autres productions, tant elle crève l'écran. Je donnerai aussi une mention spéciale à Dale Dickey, qui compte déjà une très belle filmographie, et qui est parfaite dans le rôle de cette femme dont on ne connaîtra à aucun moment le nom, mais dont on comprendra dès la scène d'ouverture qu'elle est tellement dérangée qu'on ne voudrait clairement pas la croiser dans la vie réelle. Shahadi Wright Joseph, qui incarne l'ado de la famille Ruby Lee Emory, n'est pas en reste en termes d'interprétation. Vous la reconnaîtrez facilement puisque le rôle principal du film d'horreur "Us", c'est elle.

Vous avez aimé "Get Out" ? On passe un cran au-dessus avec "Them / Eux". Si vous aimez les films/séries d'horreur à l'ambiance pesante (le terme est très faible ici), et si vous avez le cœur bien accroché (je dois dire, même si je ne spoilerai rien, qu'il y a bien une scène qui risque de vous rester), allez jeter un œil à "Them / Eux", je suis certaine que vous ne perdrez pas votre temps inutilement. Car il ne s'agit pas juste d'une série d'horreur ou gore, il y a ici toute une étude sur les conséquences du racisme systémique. Mais aussi, je trouve que la photographie de cette série est tellement aux petits oignons qu'il faut vraiment la regarder en partie pour ça. Cette photographie contribue à appuyer sur la double horreur présente dans cette série (l'horreur du racisme décomplexé, d'autant plus qu'il ne semble pas y avoir un seul blanc qui n'en soit pas coupable, mais aussi l'horreur des faits surnaturels qui se déroulent au sein de la maison des Emory, parce que oui, il y a aussi ça, et contrairement à ce que certains en disent, je trouve que c'est plutôt bien amené pour ma part).

En conclusion, j'ai vraiment beaucoup aimé "Them / Eux", même si je n'en ressors pas complètement indemne. Comme je disais un peu plus haut, à l'image de "La colline a des yeux", il y a une scène en particulier qui va me rester gravée tant elle est terrible, même si au final, c'est l'ensemble de cette série qui est triste et dur à la fois. Une plongée dans l'horreur à la façon d'un "Shining", tout en préservant un côté nettement unique dans la façon dont les choses sont abordées. Bouleversante, c'est le mot qui me viendrait à l'esprit pour qualifier cette série.

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