La littérature gothique

Une bibliothèque de livres anciens
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Ceci est un récapitulatif de l’histoire de la littérature gothique du XVIIIème siècle à nos jours. Voici le plan de cet article :

  • Littérature gothique classique
  • XVIIIème siècle
  • XIXème siècle
  • Littérature gothique moderne
  • Anthologies
  • Essais

Si vous avez des livres à proposer qui ne font pas partie de la liste, n’hésitez pas à les proposer dans les commentaires. Citez le titre, le nom de l’auteur, l’édition et l’année de la première publication. Je vous remercie.

Littérature gothique classique

Le « roman gothique » naît avec un aristocrate érudit du XVIIIème siècle nommé Horace Walpole (1717-1797), un Anglais libertin et excentrique, membre du parlement anglais, passionné par l’architecture gothique. Il n’a écrit qu’un seul roman, The Castle of Otranto: A Gothic Story (1764), créant un genre qui aura de nombreux descendants. Cette naissance est contemporaine d’un phénomène poétique anglais qui émerge vers les années 1740-1750: le « Graveyard School of Poetry », cherchant à trouver une consolation face à la mort.

Le roman gothique entretient des liens forts avec l’époque du Moyen-Âge: châteaux aux couloirs sombres, dédales, abbayes, cryptes, cachots, jardins peuplés de statues fantomatiques, mais aussi de personnages torturés: moines lubriques, fantômes, spectres n’hésitant pas à se plier à des actes comme le viol, l’assassinat ou le chantage. Tant d’éléments propres au cadre médiéval dépeints dans une atmosphère mélancolique et inquiétante.

Ce culte des sensations fortes s’accompagne de l’introspection à laquelle se livrent certains personnages. Si, à partir des Confessions de Rousseau le moi devient le sujet privilégié en littérature, le roman noir est la première littérature à avoir exploré l’esprit humain, à en avoir montré l’irrationalité et à s’être préoccupé du problème de la dualité.

La littérature gothique a donné naissance à nombre de mythes populaires. Celui du « Vampire » reste le plus prisé de nos jours. Vient ensuite celui du revenant.

XVIIIe siècle

Le roman gothique des années d’origine avait une finalité morale, sociale, religieuse et politique. Il présentait des formes de déviance afin de mettre en lumière leurs ravages et les conséquences désastreuses de toutes ces transgressions. La subversion est utilisée comme une sorte d’exorcisme rétablissant l’ordre.

1764 : « Le Château d’Otrante », H. Walpole, éditions Corti
1772 : « Le Diable amoureux », J. Cazotte, éditions Librio
1782 : « Vathek », Beckford, éditions Corti
1789 : « Justine ou les malheurs de la vertu », Sade, éditions LDP
1794 : « Les Mystères d’Udolpho », A. Radcliffe, éditions Folio
1795 : « Les Aventures de Caleb Williams », W. Godwin, éditions Phébus
1797 : « Le moine », Lewis, éditions Babel.

XIXe siècle

Le genre « gothique frénétique » apparaît vers 1790 et se développe au XIXème siècle. L’épithète est de Charles Nodier et recouvre une fièvre d’absolu, une révolte, un défi. C’est un univers qui exalte la cruauté, la haine, la torture, la peur et fait éclater au grand jour les passions individuelles et collectives. « On crie Haro! Sur la pensée vivent les instincts, les sensations et les vampires… »

1813-1815 : « Manuscrit trouvé à Saragosse », J. Potocki, éditions LDP
1815 : « Northanger Abbey », J. Austen, éditions Imaginaire Gallimard
1819 : « Le vampire », Polodori, éditions Babel
1819 : « Les élixirs du Diable », E.T.A. Hoffman, éditions Stock
1820 : « Melmoth ou l’homme errant », Maturin, éditions Libretto Phébus
1824 : « Confession du pêcheur justifié », J. Hogg, éditions Imaginaire Gallimard
1835 : « Melmoth réconcilié », Balzac, éditions Librio
1836 : « La morte amoureuse », T. Gautier, éditions Librio
1839 : « Ligeia, le chat noir », E-A Poe, éditions Librio
1839 : « Le masque de la mort rouge », E-A Poe, éditions Folio
1841 : « Aurélia », G. de Nerval, éditions LDP Libretti
1860 : « La dame en blanc », W. Collins, éditions Libretto Phébus
1868 -1869: « Les chants de Maldoror », Lautréamont, éditions LDP
1871 : « Carmilla, Le Fanu », éditions LDP Libretti
1886-1887 : « Le Horla », G. de Maupassant, éditions LDP Libretti
1891 : « Là-bas », J-K Huysmans, éditions Folio
1893 : « Contes noirs », A. Bierce, éditions Rivage
1897 : « Dracula », B. Stocker, éditions Pocket.

Littérature gothique moderne

Les surréalistes promurent Sade et Lautréamont au rang de « Grands Ancêtres ». De la production du XIXème siècle, ils ne retinrent qu’un livre: Le Moine de Lewis. Pour eux, il s’agit de « libérer l’homme de la tyrannie de la logique et refaire le monde par la poésie ».

1927-1928 : « Aurora », M. Leiris, éditions Imaginaire Gallimard
1939 : « Au Château d’Argol », J. Gracq, éditions Corti.
De nos jours, que reste-t-il de l’esthétique gothique dans la littérature fantastique moderne ? Force est de constater que depuis ses origines gothiques, le roman fantastique a bien évolué. Anne Rice est une digne héritière du genre. En particulier dans ses Chroniques de Vampires, débutées en 1976 et qui comptent à ce jour 5 volumes.
1909 : « La dame au linceul », B. Stocker, éditions Babel
1934 : « Sept contes gothiques », K. Blixen, éditions LDP
1962 : « La comtesse sanglante », V. Penrose, éditions Imaginaire Gallimard
1973-1995 : « Chroniques des Vampires », A. Rice, éditions Pocket
1975 : « Julia », Straub, éditions Fleuve Noir
1992 : « Les âmes perdues », P.Z. Brite, éditions Albin Michel
1994 : « Le prince de la nuit », Swolfs, éditions Glénat
1994 : « Ile des morts », Sorel, éditions Vent d’Ouest
2000 : « Les saigneurs cardinaux », Lord Sullivan
2004 : « French Gothic », A. Pozzuoli, éditions Belles Lettres
2004 : « Dracula, le lexique du vampire », A. Pozzuoli, éditions oxymore.

Anthologies

  • « La dimension fantastique », Sadoul, éditions Librio
  • « Les évadés des ténèbres », éditions Bouquins
  • « Oeuvres », B. Stocker par Alain Pozzuoli, éditions Omnibus.

Essais

  • « Le roman gothique anglais 1764-1824 », M. Levy, éditions Albin Michel
  • « Les châteaux de la subversion », A. Le Brun, éditions Folio
  • « Le roman noir anglais, dit gothique », Duperrey, éditions Ellipses
  • « Gothic », Baddeley, éditions Denoël.

Quelques commentaires pour informations supplémentaires :

Salut Nightwitch, bah en fait tu as cité la plupart des romans de la littérature gothiques et fantastiques. Tiens, y’a aussi les éditions « Nuits d’Avril » qui sont aussi basés dans le roman sombre. Tu connais Sire Cédric ? Avec son dernier roman intitulé « Ange mort ». Je suis en train de lire « Bestialité » de Jean Rollin, l’histoire mystérieuse d’une jeune fille intriguée par des bruits suspects qui rôdent aux alentours. Bref, je ne parle que du début du roman. Franchement, cette maison d’édition est géniale, elle me fait bien découvrir la littérature gothique et fantastique. Certes, par rapport à Baudelaire, c’est moins provocateur et plus sombre, et mystérieux surtout. A découvrir…

Merci Espoir Triste

Je ne crois pas que tu aies parlé de Baudelaire (quand même ! Merde quoi ! LOL)… Enfin, un pilier tout de même, de par la noirceur des thèmes traités (mort : « Une charogne » par ex…) Et sinon, il y a Oscar Wilde avec son « Dorian Gray’s picture » – et je pense qu’on peut classer certaines de ses nouvelles dans ce genre aussi… Ah ! Et j’allais oublier : Mary Shelley’s « Frankenstein or the modern prometheus »…! Voilà ! ^^

Merci Mag-Goth

Mais je suis assez d’accord avec Chilia pour rajouter « Notre-Dame de Paris » de Victor Hugo (1831). A part que ce roman m’a énormément marquée, je trouve que l’atmosphère qui y règne, et les sentiments qui y sont décrits, méritent d’être découverts (le personnage de Frollo est particulièrement transcendant !)… Dans le même genre que « Les mystères d’Udolfe », Ann Radcliffe a également écrit « L’Italien ou le confessionnal des pénitents noirs », à découvrir aussi à mon avis (malheureusement, je n’ai pas la date)…

Merci Littlepuce

il y a aussi « Frankenstein » de Mary Shelley, de 1818, mais je ne sais pas l’édition bsx.

Merci Mily

Salut, vous pouvez aussi ajouter les oeuvres des sœurs Brontë : « Wuthering Heights », « Jane Eyre », mais aussi Barbey D’Aurevilly avec « Une vieille maîtresse » que j’ai découvert l’année dernière et qui est un très bon roman. Bonne lecture!

Merci Dawem

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